Depuis l’essor des outils comme ChatGPT ou Gemini, les contenus générés par intelligence artificielle se multiplient sur le web. Rapides à produire, parfois bluffants, ils soulèvent pourtant des questions importantes : comment Google les évalue ? Risquent-ils d’être sanctionnés ? Une mise à jour récente des directives destinées aux quality raters (évaluateurs de la qualité des résultats) éclaire la position du moteur de recherche. Si l’IA n’est pas rejetée en soi, l’accent est mis sur la qualité, l’intention et la valeur ajoutée. Dans cet article, on fait le point sur ce que Google attend vraiment — et sur ce que cela change pour vous.
La position officielle de Google sur le contenu généré par IA
Face à la montée en puissance de l’intelligence artificielle générative, Google avait dans un premier temps donné sa position de principe : ce n’est pas la méthode de production d’un contenu qui compte, mais sa qualité. En clair, un article peut parfaitement avoir été rédigé avec l’aide d’une IA, tant qu’il est utile, pertinent et pensé pour l’utilisateur final — et non pour manipuler les algorithmes du moteur de recherche.
Cette position officielle souffrait d’un manque de précision. On en sait davantage depuis la mise à jour de janvier 2025 des directives adressées aux quality raters.
Pour la première fois dans ce type de document, Google donne une définition de l’IA générative :
L’IA générative est un type de modèle d’apprentissage automatique (machine learning) capable de s’appuyer sur ce qu’il a appris à partir des exemples qu’on lui a fournis pour créer du contenu inédit, comme du texte, des images, de la musique ou du code. Différents outils exploitent ces modèles pour produire du contenu généré par IA. L’IA générative peut être un outil précieux pour la création de contenu, mais comme tout outil, elle peut aussi être mal utilisée.

Une définition claire, qui se termine par un avertissement. La suite du document est riche d’enseignements et ce qui concerne la “mauvaise utilisation” de l’IA.
Extension du domaine du Spam
La section 4.6.6 du document intéressera à coup sûr les créateurs de contenu rompus aux charmes de l’IA. Google explique ce que peut être une mauvaise utilisation de ChatGPT, Gemini, DeepSeek et consorts :
La note la plus basse s’applique si la totalité ou la quasi-totalité du contenu principal de la page (y compris le texte, les images, l’audio, les vidéos, etc.) est copiée, paraphrasée, intégrée, générée automatiquement ou par une IA, ou repostée à partir d’autres sources, avec peu ou pas d’effort, peu ou pas d’originalité, et peu ou pas de valeur ajoutée pour les visiteurs du site. De telles pages doivent recevoir la note la plus basse, même si la source originale du contenu est mentionnée.

Concrètement, un quality rater ne va pas sanctionner par principe un contenu généré par IA. En revanche, Google est clair en ce qui concerne le contenu “paraphrasé”. Toujours dans la section 4.6.6 :
Des outils automatisés peuvent également être utilisés pour créer du contenu paraphrasé en reformulant ou en résumant le contenu d’autres pages.
Puis, dans la section 4.6.7 :
Le contenu paraphrasé peut être bien plus difficile à identifier… Il est probable qu’un contenu paraphrasé :
Ne contienne que des informations largement connues ou des faits généralement admis
Présente un fort recoupement avec des pages issues de sources bien établies, comme Wikipédia ou des sites de référence
Donne l’impression de résumer une page spécifique, comme une discussion de forum ou un article d’actualité, sans apporter de valeur ajoutée
Contienne des formulations ou des indices laissant penser à l’usage d’outils d’IA générative de type résumé ou paraphrase, comme des expressions telles que “En tant que modèle de langage IA…
En somme, ce qui est susceptible de pénaliser les contenus générés par IA – outre les indices flagrants (cf. dernier point de la citation) – semble être leur trop grande proximité sémantique avec des contenus déjà existants. Google vous sanctionne si vous reformulez simplement des pages déjà bien classées, sans apporter d’informations supplémentaires et intéressantes pour l’internaute.
C’est donc une utilisation de l’IA qui est sanctionnée, et non pas la technologie en tant que telle. Et l’on comprend pourquoi de nombreux sites ont pu se retrouver “déclassés” à la suite des MAJ Google : les IA génératives, associées à des outils SEO, vont logiquement avoir tendance à faire de la “curation sémantique”. Les préconisations de 1.fr, YourTextGuru, ou encore SEOQuantum sont si précises que la simple réutilisation des mots-clés a de grande chance de fournir un contenu très proche des pages cibles, à savoir le top 3 de la SERP sur une requête donnée.
Le phénomène sera analogue sans utilisation d’outils sémantiques SEO : si vous demandez simplement à ChatGPT de s’inspirer de votre concurrent en position 1 sur Google, vous courrez le risque d’être considéré comme spammy par le géant de Mountain View.
Mauvaise note ou zéro pointé : que risque votre contenu ?
Dans la suite du document (section 4.7 et 5), Google explique les impacts d’un mauvais contenu. Ces sections n’abordent pas explicitement les IA génératives, mais à la lumière des explications précédentes, on peut là encore interpréter ce qui peut en constituer une utilisation non ou mal maîtrisée.

"Lowest Rating"
Bien évidemment, un zéro pointé sanctionne toutes les pages web ayant des objectifs peu louables :
- conseils médicaux ou financiers douteux ;
- scam ;
- fake news ;
- liste de liens publicitaires déguisés ;
- etc.
Au-delà de ce type de contenus, Google va sanctionner 2 types de pages :
- les sites “indignes de confiance”, comportant des inexactitudes factuelles multiples, évidentes et étranges ;
- les sites “trompeurs” dans lesquels les quality raters constatent un biais entre l’objectif affiché d’une page – par exemple informationnel ou éducatif – et les conditions de services du site web.
Pour ces 2 cas, Google indique que la génération de contenu par l’IA est souvent constatée. Pour autant, les directives des quality raters souligne le fait que ça n’est pas la méthode de création de contenu, mais les mauvaises informations qui sont sanctionnées par un zéro pointé.
"Low Rating"
La section 5.2.1 est particulièrement explicite en ce qui concerne le contenu principal susceptible d’être considéré comme de “faible qualité” :
Certains sites web sont créés en “reconditionnant” du contenu issu de sites de meilleure qualité, avec peu d’effort, peu d’originalité et peu de valeur ajoutée pour les visiteurs, comparé aux sources d’origine.
Pour rappel, la note la plus basse s’applique si la totalité ou la quasi-totalité du contenu principal de la page (y compris texte, images ou vidéos) est copiée, paraphrasée, intégrée ou repostée à partir d’autres sources, avec peu ou pas d’effort, peu ou pas d’originalité et peu ou pas de valeur ajoutée pour les visiteurs.
La note faible doit toutefois être utilisée si une grande partie du contenu principal est copiée, paraphrasée, intégrée ou repostée, avec un faible niveau d’effort pour créer de la valeur, que ce soit par l’édition, la curation manuelle, la mise en forme ou l’ajout d’un contenu original.
La guideline donne les exemples suivants :
- reposts de réseaux sociaux avec peu de commentaires ou de discussions supplémentaires ;
- pages contenant du contenu provenant d’autres sources (par exemple, des pages avec des vidéos intégrées ou des images “épinglées” à nouveau), avec peu de commentaires, de discussions ou de curation de la part du créateur de contenu de la page ;
- Listes de type “meilleur de…” basées sur des avis ou listes existantes, avec peu de contenu original.
Attention au remplissage

Google indique également que le contenu principal d’une page web doit être fidèle à l’objectif affiché de cette page. Concrètement, vous devez afficher le contenu le plus utile et essentiel en haut de votre page web, de façon à ce que les visiteurs y aient accès immédiatement.
Il reste possible d’ajouter du contenu ne répondant pas à l’objectif principal de la page, en respectant les préconisations suivantes :
placer le contenu principal le plus utile en haut de page, de façon claire et facilement accessible pour les visiteurs ;
le contenu secondaire doit tout de même répondre à l’objectif de la page web, même s’il le fait de façon… secondaire ;
ce contenu secondaire ou de contexte doit être placé en bas de page, dans des zones moins mises en avant (ex : anecdotes, contexte personnel, citations longues).
le texte de remplissage (filler) est à proscrire en tête de page, car il masque l’information réellement attendue par l’utilisateur.
les éléments à faible valeur ajoutée doivent être supprimés (contenu générique, blabla, digressions non pertinentes), surtout s’ils prennent une place importante.
Google et l'IA générative : le mémo
La leçon semble claire : l’IA en tant que telle n’est pas – et ne sera sans doute jamais – sanctionnée par les Quality Raters de Google.
La principale problématique est la suivante : les IA génératives ont tendance à démultiplier certains biais à l’origine très humains de la création de contenu :
paraphraser ou reformuler la page web mieux classée que la nôtre, sans apporter de valeur ajoutée ;
accumuler du texte pour “faire riche”, sans structuration claire ni information réellement utile ;
ajouter des généralités ou des banalités pour combler un manque de fond réel ;
multiplier les synonymes ou variations de phrases dans l’espoir d’optimiser le SEO, au détriment de la lisibilité ;
résumer des contenus externes (forums, articles, Wikipédia…) sans analyse, commentaire ni apport personnel ;
réutiliser des contenus d’autres sources (images, vidéos, extraits) sans les contextualiser ni les enrichir ;
insérer artificiellement des mots-clés sans logique rédactionnelle, juste pour “cocher une case” SEO ;
utiliser des intros ou conclusions générées automatiquement, interchangeables d’un sujet à l’autre ;
produire en masse du contenu à faible effort, espérant que la quantité compensera l’absence de qualité.
Utilisée sans discernement, l’IA amplifie nos mauvaises habitudes rédactionnelles ; guidée avec exigence, elle peut devenir un véritable levier de qualité.
Pour ne pas subir une faible évaluation de la part des Quality Raters, vous devez donc toujours vous poser cette question : mon contenu aide-t-il réellement l’utilisateur à atteindre son objectif sur la page ?